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jean chrysostome - Page 3

  • 23 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Cherchez, dit-il, premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données comme par surcroît." II ne dit pas seulement : "Vous seront données", mais vous seront données comme par "surcroît", pour montrer qu’il n’y a rien dans les dons qui regardent cette vie, qui mérite d’être comparé avec les biens à venir. C’est pourquoi il n’ordonne point qu’on lui demande ces choses, mais qu’on lui en demande de plus importantes et qu’on espère de recevoir en même temps celles-ci, "comme par surcroît". Cherchez les biens à venir et vous recevrez les biens présents. Ne désirez point les choses d’ici-bas et vous les posséderez infailliblement. Il est indigne de vous, d’importuner votre Seigneur pour des sujets qui le méritent si peu. Vous vous abaissez honteusement, si lorsque vous ne devez être occupés que des biens ineffables de l’autre monde, vous vous consumez dans les vains désirs des choses qui passent. Pourquoi donc, me direz-vous, Jésus-Christ nous commande-t-il de lui demander notre pain ? — Oui, Jésus-Christ nous commande cela, mais en ajoutant "notre pain de chaque jour", et en marquent expressément, donnez-nous "aujourd’hui". Il fait ici la même chose : "C’est pourquoi ne vous mettez point en peine pour le lendemain, car le lendemain se mettra en peine pour soi-même. A chaque jour suffit son mal." Il ne dit pas généralement : "Ne vous mettez point en peine", mais il ajoute, "pour le lendemain", nous donnant par ces paroles la liberté de lui demander les besoins du jour présent et bornant en même temps tous nos désirs aux choses les plus nécessaires. Car Dieu nous commande de lui demander ces choses, non parce qu’il a besoin que nous l’en avertissions dans nos prières, mais pour nous apprendre que ce n’est que par son secours que nous faisons tout ce que nous faisons de bien, pour nous lier et comme pour nous familiariser avec lui par cette obligation continuelle de lui demander tous nos besoins.

    Remarquez-vous comment il leur donne la confiance qu’il ne les laissera pas manquer des choses nécessaires, et que Celui qui leur donne si libéralement les plus grandes choses, ne leur refusera pas les plus petites ? Car je ne vous commande pas, leur dit-il, de ne vous mettre en peine de rien, afin que vous deveniez misérables et que vous n’ayez pas de quoi couvrir votre nudité, mais c’est afin que vous soyez dans l’abondance de toutes choses. Rien sans doute n’était plus propre à lui concilier les esprits que cette promesse. Ainsi comme en les exhortant à ne point rechercher une vaine gloire dans leurs aumônes, il les y porte en leur promettant une autre gloire plus grande et plus solide : "Votre Père", dit-il, "qui voit en secret, vous en rendra la récompense devant tout le monde" ; de même il les éloigne du soin des choses présentes, en leur promettant qu’il satisfera d’autant plus à tous leurs besoins, qu’ils se mettront moins en peine de les rechercher. Je vous défends, leur dit-il, de vous inquiéter, de ces choses, non afin qu’elles vous manquent, mais au contraire afin que rien ne vous manque. Je veux que vous receviez toutes choses d’une manière digne de vous et qui vous soit véritablement avantageuse. Je ne veux pas qu’en vous bourrelant vous-mêmes d’inquiétude, en vous laissant déchirer à mille soucis, vous vous rendiez indignes des secours du corps aussi bien que de ceux de l’âme, et qu’après avoir été misérables en cette vie, vous perdiez encore la félicité de l’autre. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu (Homélie XXII, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII), traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît

    NB : On peut lire dans l'Avertissement placé en tête de ces homélies les lignes suivantes :

    « Ces quatre-vingt-dix homélies [sur Saint Matthieu] ont, de tout temps, été regardées non-seulement comme le chef-d’oeuvre de saint Chrysostome, mais même comme ce qu’il y a au monde de plus complet et de plus excellent sur la morale chrétienne. Là, toutes les vertus, avec la manière de les acquérir et de les pratiquer ; tous les vices, avec les moyens à mettre en oeuvre pour les éviter et s’en corriger, sont définis, décrits, expliqués : là, rien n’est omis de ce qui concerne la vie sainte et la vie vicieuse, pour attirer à l’une et éloigner de l’autre. Nulle part saint Jean Chrysostome n’a montré tant d’invention, tant d’éloquence, tant de sagacité dans la formation des moeurs. C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin disait, au rapport de Papire-Masson (De Romanis pontif., in Joanne XXI), qu’il attachait plus de prix à l’ouvrage de saint Chrysostome sur saint Matthieu, qu’à la possession de toute la ville de Paris. »

  • 11 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Rien n'est plus froid qu'un chrétien non appliqué à sauver les autres. Tu ne peux à cet égard prétexter la pauvreté : celle qui donna ses deux piécettes se lèverait pour t'accuser (Lc 21,2). Pierre aussi, qui disait : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac 3,6). Et Paul, qui était si pauvre que souvent il avait faim et manquait du vivre nécessaire (1Co 4,11). Tu ne peux davantage objecter ton humble naissance : eux aussi étaient de modeste condition. L'ignorance ne te sera pas meilleure excuse : eux aussi étaient sans lettres... N'invoque pas non plus la maladie : Timothée était sujet à de fréquents malaises (1Tm 5,23)... N'importe qui peut être utile à son prochain s'il veut faire son possible...
    Ne dis pas qu'il t'est impossible de ramener les autres, car si tu es chrétien, il est impossible que cela ne se fasse. Chaque arbre porte son fruit et comme il n'y a pas de contradiction dans la nature, ce que nous disons est également vrai, car cela découle de la nature même du chrétien... Il est plus facile pour la lumière d'être ténèbres que pour le chrétien de ne pas rayonner. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélie 20 sur les Actes, 3-4 ; PG 60, 162-164 (trad. Orval).

  • 10 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le Christ, pour nous attirer à l'aimer davantage, nous a donné sa chair en nourriture. Allons donc à lui avec beaucoup d'amour et de ferveur... Ce corps, les mages l'ont adoré quand il était couché dans une mangeoire. Ces païens, ces étrangers, quittèrent leur patrie et leur maison, entreprirent un long voyage pour l'adorer avec crainte et tremblement. Imitons au moins ces étrangers, nous qui sommes citoyens des cieux... Ceux-là, voyant l'enfant, le Christ, dans une mangeoire, sous un pauvre toit, tout en ne voyant rien de ce que vous voyez, s'avancèrent avec un très grand respect.

    Vous ne le voyez plus dans une mangeoire, mais sur l'autel. Vous ne voyez plus une femme qui le tient dans ses bras, mais le prêtre qui l'offre, et l'Esprit de Dieu, avec toute sa générosité, plane au-dessus des offrandes. Non seulement vous voyez le même corps que voyaient les mages, mais en outre vous connaissez sa puissance et sa sagesse, et vous n'ignorez rien de ce qu'il a accompli, après toute l'initiation aux mystères qui vous a été donnée avec exactitude. Réveillons-nous donc, et réveillons en nous la crainte de Dieu. Montrons beaucoup plus de piété que ces étrangers, afin de ne pas avancer n'importe comment vers l'autel...

    Cette table fortifie notre âme, rassemble notre pensée, soutient notre assurance ; elle est notre espérance, notre salut, notre lumière, notre vie. Si nous quittons la terre après ce sacrifice, nous entrerons avec une parfaite assurance dans les parvis sacrés, comme si nous étions protégés de tous côtés par une armure d'or. Mais pourquoi parler du futur ? Dès ce monde, le sacrement transforme la terre en ciel. Ouvrez donc les portes du ciel, et alors vous verrez ce que je viens de dire. Ce qu'il y a de plus précieux au ciel, je vous le montrerai sur la terre. Ce que je vous montre, ce n'est ni les anges, ni les archanges, ni les cieux des cieux, mais celui qui est leur maître. Vous voyez ainsi d'une certaine façon sur la terre ce qu'il y a de plus précieux. Et non seulement vous le voyez, mais vous le touchez, vous le mangez. Purifiez donc votre âme, préparez votre esprit à recevoir ces mystères. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélies sur la 1ère lettre aux Corinthiens, 24,4 ; PG 61, 204-205 (trad. Delhougne, Les Pères commentent).

  • 23 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Est-il rien de plus dérisoire qu'un chrétien qui ne se soucie pas des autres ? Ne prends pas comme prétexte ta pauvreté : la veuve qui a mis deux petites pièces dans le tronc du Temple (Mc 12,42) se lèverait contre toi ; Pierre aussi, qui disait au boiteux : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac 3,6), et Paul, si pauvre qu'il avait souvent faim. N'objecte pas ta condition sociale, car les apôtres étaient humbles aussi et de basse condition. N'invoque pas ton ignorance, car ils étaient des hommes sans lettres. Même si tu étais esclave ou fugitif, tu pourrais toujours faire ce qui dépend de toi. Tel était Onésime dont Paul fait l’éloge (Phl). Serais-tu de santé fragile ? Timothée l'était aussi. Oui, qui que nous soyons, n'importe qui peut être utile à son prochain, s'il veut vraiment faire ce qu'il peut.
    Vois-tu combien les arbres de la forêt sont vigoureux, beaux, élancés ? Et cependant, dans nos jardins, nous préférons des arbres fruitiers ou des oliviers couverts de fruits. De beaux arbres stériles…, tels sont les hommes qui ne considèrent que leur propre intérêt…
    Si le levain ne fait pas lever la pâte, il n’est pas un vrai ferment. Si un parfum n'embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l'appeler un parfum ? Ne dis donc pas qu’il est impossible d’avoir une bonne influence sur les autres, car si tu es vraiment chrétien, il est impossible qu'il ne se passe rien ; cela fait partie de l'essence même du chrétien… Il serait aussi contradictoire de dire qu'un chrétien ne peut pas être utile à son prochain que de dénier au soleil la possibilité d'éclairer et de réchauffer. »

    Saint Jean Chrysostome (vers 345-407), Homélie 20 sur les Actes des apôtres (trad. cf. AELF).

  • 26 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Pierre devait recevoir les clés de l'Église, plus encore les clés des cieux, et le gouvernement d'un peuple nombreux devait lui être confié... Si Pierre, avec sa tendance à la sévérité, était resté sans péché, comment aurait-il pu faire preuve de miséricorde pour ses disciples ? Or, par une disposition de la grâce divine, il est tombé dans le péché, si bien qu'après avoir fait lui-même l'expérience de sa misère, il a pu se montrer bon envers les autres.
    Rends-toi compte : celui qui a cédé au péché, c'est bien Pierre, le chef des Apôtres, le fondement solide, le rocher indestructible, le guide de l'Église, le port imprenable, la tour inébranlable, lui qui avait dit au Christ : "Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas" (Mt 26,35) ; lui qui, par une divine révélation, avait confessé la vérité : "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant".
    Or, l'évangile rapporte que, la nuit même où le Christ fut livré..., une jeune fille dit à Pierre : "Toi aussi, hier, tu étais avec cet homme", et Pierre lui répondit : "Je ne connais pas cet homme" (Mt 26,69-72)... Lui, la colonne, le rempart, se dérobe devant les soupçons d'une femme... Jésus fixa sur lui son regard... Pierre comprit, se repentit de sa faute et se mit à pleurer. Mais alors le Seigneur miséricordieux lui accorda son pardon...
    Il a été soumis au péché pour que la conscience de sa faute et du pardon reçu du Seigneur le conduise à pardonner aux autres par amour. Il accomplissait ainsi une disposition providentielle conforme à la manière d'agir de Dieu. Il a fallu que Pierre, lui à qui l'Église devait être confiée, la colonne des Églises, le port de la foi, le docteur du monde, se montre faible et pécheur. C'était, en vérité, pour qu'il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d'exercer sa bonté envers les autres hommes. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélie sur saint Pierre et saint Élie, 1 ; PG 50.

  • 4 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Pendant que la trahison se préparait, que Judas travaillait à sa propre perte, « les disciples dirent à Jésus : ‘Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque ?’ » (Matthieu 26,17). Voyez-vous la conduite si différente de Judas et des autres disciples ? Celui-là trahit son maître, ceux-ci songent à préparer la Pâque. Celui-là conclut un pacte inique, ceux-ci se disposent à servir le Sauveur. Ils avaient tous joui cependant des mêmes merveilles, des mêmes enseignements, de la même puissance.

    De quelle Pâque s’agit-il ? De la Pâque ancienne, et non de celle que nous célébrons. Les disciples préparèrent la première : le Sauveur lui-même prépara la seconde ; et non seulement il la prépara, mais il devint lui-même notre Pâque. « Où veux-tu que nous te préparions le festin de la Pâque ? » Cette Pâque était celle qui avait été instituée en Égypte. Et pourquoi Jésus l’observa-t-il ? Parce qu’il observait la loi dans toutes ses prescriptions. N’avait-il pas dit au moment de son baptême : « C’est ainsi qu’il nous faut accomplir toute justice » (Matthieu 3,15) ? Là était l’ombre, ici la vérité. Dès que le Soleil de justice fut apparu, l’ombre s’évanouit, comme les ténèbres à l’apparition du soleil. C’est pour cela que le même festin vit s’accomplir les deux pâques, la Pâque figurative et la Pâque véritable. De même que les peintres commencent par dessiner sur leur tableau les contours et les silhouettes des objets qu’ils se proposent de reproduire avant d’y appliquer les couleurs convenables ; de même le Christ pendant le même repas fit précéder la célébration de la Pâque véritable par la célébration de la Pâque figurative. « Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque ? » Ils parlaient de la Pâque ancienne : mais que tout flambeau s’éteigne au lever du soleil ; à l’approche de la vérité, que l’ombre s’évanouisse ! »

    Saint Jean Chrysostome, IVe siècle, 1e homélie sur la trahison de Judas, 4.

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